L’ANR mobilisée pour la recherche partenariale
Favoriser l’innovation par le développement de partenariats public/privé dans le domaine de l’innovation scientifique fait partie intégrante des missions de l’ANR. Pour cela, l’Agence dispose de plusieurs instruments adaptés à chaque niveau d’avancement technologique.

De l’invention à l’innovation : la journée « La recherche, créatrice d’innovations »
Le 12 décembre 2019, chercheurs, dirigeants d’entreprises et acteurs institutionnels se sont retrouvés sur le site de Station F pour participer à une journée sur la recherche partenariale « La recherche, créatrice d’innovations ». Un rendez-vous organisé par l’ANR et conçu en partenariat avec les acteurs de la recherche et de l’innovation, le MESRI, le SGPI, la CPU, le CNRS et Bpifrance1. Au travers de tables rondes, de témoignages en duo de porteurs de projets et d’un espace dédié aux démonstrations et aux parcours d’innovations, l’événement a permis de partager les expériences et de présenter les instruments de financement de l’Agence dédiés à la recherche collaborative entre partenaires publics et privés.
Soutenir le transfert de technologie et la compétitivité
Les LabCom favorisent la création de laboratoires communs en soutenant des collaborations entre des établissements de recherche et le tissu des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermédiaire (ETI).
Les Chaires Industrielles structurent des projets ambitieux dans des domaines stratégiques et prioritaires, menés avec des entreprises de toutes tailles implantées en France.
Instrument de l’AAPG, le Projet de Recherche Collaborative-Entreprises (PRCE) permet de financer des projets de recherche entre entités publiques et privées lorsque ceux-ci présentent une opportunité d’ouverture vers le monde de l’entreprise.

Des dispositifs de financement plus spécifiques
Dans le cadre du dispositif Carnot, l’ANR finance les établissements de recherche titulaires de ce label d’excellence attribué à des laboratoires menant des travaux en collaboration avec des acteurs socio-économiques.
Le Challenge stimule la levée de verrous scientifiques, technologiques, méthodologiques ou relatifs à des enjeux de société mobilisant plusieurs équipes scientifiques et industriels sur une même problématique. Le dispositif Maturation : suite au programme ASTRID, l’appel ASTRID Maturation répond à des besoins de recherche duale du ministère des Armées. Les deux dispositifs sont intégralement financés par l’Agence de l’innovation de défense (AID). D’autres appels permettent d’accompagner la montée en niveau de maturité technologique des projets, tels que Ecophyto Maturation. Ce dernier, initié par trois ministères dans le cadre du plan Ecophyto II, vise à faire évoluer des solutions ou des résultats fondamentaux vers des modèles opérationnels destinés à réduire l’usage des produits phytosanitaires en agriculture. Il est cofinancé par l’Office français de la biodiversité (OFB) et l’ANR pour un budget total de 3,5 M€.
L’ANR soutient également les partenariats public/privé par le biais des Instituts de recherche technologiques (IRT) et des Instituts pour la transition énergétique (ITE) qu’elle finance dans le cadre des Investissements d’Avenir. Reposant sur des partenariats à long terme entre établissements d’enseignement supérieur et de recherche et entreprises, ces instituts de recherche thématiques entendent renforcer la compétitivité par la recherche industrielle dans des filières technologiques stratégiques.

Soutenir les projets selon leur degré de maturité
Comptant 9 paliers, l’échelle TRL (Technology readiness level) évalue le degré de maturité d’une technologie jusqu’à son industrialisation. Le PRCE, les Chaires Industrielles ou ASTRID accompagnent un partenariat public/privé très en amont, dès lors que les principes de base d’une innovation ont été décrits (TRL1). Ils peuvent se poursuivre jusqu’à la validation du concept en laboratoire (TRL4) pour les PRCE et jusqu’à la mise au point d’un premier prototype (TRL5) pour ASTRID Maturation et les Chaires Industrielles. Le programme Carnot ainsi que les appels à projets Challenge et LabCom interviennent plus en aval, lorsque la preuve du concept a pu être établie de manière expérimentale (TRL3). Ils s’achèvent le plus souvent quand le fonctionnement du prototype dans un environnement opérationnel a pu être démontré (TRL7).
Le dispositif Flash pour répondre aux besoins urgents de recherche
Mettre en œuvre une procédure de sélection de projets et de financement accélérée. Tel est l’objectif des appels à projets Flash. Créé en 2010, ce dispositif est mobilisé lorsqu’une catastrophe exceptionnelle ou un événement d’envergure nécessite une réponse scientifique rapide.
Illustration avec l’appel à projets Flash JOP24. Le 22 mars 2019, l’ANR et le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) ont lancé l’appel à projets Flash JOP24.
Objectif : développer les meilleures solutions technologiques pour répondre aux problématiques de sécurité posées par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Les projets lauréats devront rapidement éprouver leur technologie (TRL 7) en conditions réelles. Dès le 2 juillet, 6 projets sur 17 ont été sélectionnés pour un budget global de 2,8 M€. Ils portent par exemple sur le développement d’une plateforme d’alerte multicanaux vers le public, la détection en temps réel de situations atypiques ou critiques ou encore l’analyse et l’anticipation des phénomènes de foule.
Exemples de partenariats à succès
Plusieurs partenariats ayant bénéficié d’un dispositif d’accompagnement de l’ANR ont été mis à l’honneur durant la journée du 12 décembre 2019 :
- La Chaire Industrielle Homeric est parvenue à relever certains défis de l’électronique organique. Porté par Georges Hadziioannou, professeur à l’Université de Bordeaux, ce projet construit avec le groupe Arkema a d’ores et déjà abouti à la mise sur le marché d’une nouvelle famille de copolymères.
- Le LabCom Quantum Genomics coordonné par Catherine Llorens-Cortes, Inserm, Collège de France, prix Galien France 2014. Ce projet doit permettre de développer avec l’entreprise Quantum Genomics une nouvelle classe de médicaments anti-hypertenseurs agissant au niveau du cerveau . Une étude de phase III (70 centres et plus de 500 patients) est désormais en cours pour évaluer l’efficacité du FIRIBASTAT chez des patients dont l’hypertension artérielle n’est pas bien traitée par les médicaments classiques.
- Le PRCE Desirable aboutit à une industrialisation de la production de larves d’insectes pour nourrir les élevages de volailles et de poissons. Porté par Samir Mezdour, chercheur en science des aliments et procédés agroalimentaires à AgroParisTech, ce partenariat avec l’ETI Ynsect ambitionne de concevoir une bioraffinerie d’insectes en vue de contribuer à des systèmes agroalimentaires plus durables.
- Le PRCE Trimaran a été coordonné par Dinh-Thuy Phan-Huy, ingénieure-chercheuse à Orange Labs, spécialisée dans les réseaux sans fil, grand prix de l'électronique Ferrié 2018 et prix Irène Joliot-Curie 2018, catégorie Femme recherche et entreprise. Le projet vise à améliorer l’efficacité énergétique des réseaux mobiles.
- L’Institut Carnot Mica a mis au point un dispositif de séchage du bois très performant valorisant la chaleur fatale d’un réseau de chaleur urbain. Porté notamment par Simona Bennici, chercheuse à l’Institut des sciences des matériaux de Mulhouse, CNRS, ce projet est le fruit d’une intense coopération avec l’entreprise R-CUE.
- L’IRT Saint-Exupéry participe à la conception de l’avion électrique du futur en étroite collaboration avec le groupe Safran. Ce projet, porté par Laurent Albert, directeur du pôle recherche diélectriques, conducteurs et plasmas à l’IRT Saint-Exupéry, s’attache à concevoir et développer des technologies de rupture dans trois domaines : les matériaux multifonctionnels à haute performance, l’aéronef plus électrique et les systèmes embarqués.
- Le Challenge Carotte a été organisé pour améliorer les capacités de cartographie de bâtiments et d’analyse de terrain en milieu urbain. Les deux phases successives de ce défi ont été remportées par le consortium CoreBots, constitué entre autres de Mines ParisTech, d’Inria et de la start-up Intempora, et coordonné par Arnaud de la Fortelle, Directeur du centre de robotique Mines ParisTech.
